El Rey ha abdicado… ¡viva el Rey!
Le roi s’en va, mais ne meurt pas…
Un peu comme le Pape l’an passé, Juan Carlos a choisi de quitter les espagnols avant que la mort ne les sépare.
L’annonce de son abdication le 02 juin a pris tout le monde de court, et a frappé les esprits de tous ceux qui l’ont vécu en direct à la télévision, chez eux, au travail ou dans un bar. La nouvelle s’est ensuite répandue comme une traînée de poudre que ce soit par internet, radio, SMS ou tout simplement via le bouche à oreille. Un choc accompagné d’une question: « ¿Y ahora qué? »
La même interrogation qu’avait suscitée l’annonce de la mort du général Franco le 20 novembre 1975… et qui avait trouvé comme réponse le couronnement de Juan Carlos deux jours plus tard. C’était le début de la Transición, une période décisive pour l’Espagne qui réussirait à retrouver peu à peu le chemin de la démocratie grâce à la volonté d’un homme et la cohésion nationale qu’il saurait susciter. C’était il y a 39 ans, et pour ceux qui ne connaissent pas tous les détails de cette époque mouvementée ou qui souhaitent tout simplement revisiter l’histoire de l’Espagne contemporaine à travers le parcours de celui qui l’a dirigée et représentée durant toutes ces années, voici une vidéo aussi instructive qu’aboutie, diffusée sur France 2:
Bien évidemment, l’Histoire ne s’arrête pas là, et sans doute le Roi a-t-il choisi de devancer l’appel pour ne pas compromettre les chances de son fils, et lui préparer ainsi le terrain pour une passation de pouvoir tout en douceur. L’objectif a été atteint, puisque Felipe VI a été intronisé Roi d’Espagne ce jeudi 19 juin avec l’approbation de presque toutes les principales forces politiques du pays, et le consentement tacite de la majorité des espagnols. Il est vrai que certaines voix se sont élevées pour rappeler que la popularité et la légitimité de Juan Carlos étaient inscrites dans un contexte historique bien précis, que le consensus national qu’il avait su créer était intimement lié à sa personne politique et non à sa lignée royale, et que donc tout cela n’avait aucune validité concernant son fils. D’autres sont allés plus loin et ont réclamé dans la rue le retour de la République 75 ans après la fin de la terrible Guerra Civil… Mais le souvenir funeste des divisions passées et l’impression de stabilité et de normalité dégagée par une instituion monarchique qui se renouvelle et se légitime toute seule ont eu raison des vélléités révolutionnaires qui se sont exprimées, et le Roi Felipe a été accepté à la quasi unanimité. Pour vous faire une idée du personnage (préparé à ses fonctions depuis l’enfance), vous pouvez regarder et écouter son premier discours ici:
Pour ceux qui souhaitent le suivre avec la transcription écrite (en VO), voici le lien vers le site de la télévision espagnole (cliquer sur « transcripción completa » en bas à droite de la vidéo).
Pour un portrait un peu plus au vitriol du nouveau monarque et des fastes de son couronnement vu depuis notre chère France révolutionnaire et anticonformiste, voici un court et drôle article paru dans Libération et émaillé de jolies photos de parures et de princesses: Felipe, roi pas bling-bling
Petit bonus pour la route: puisque l’histoire s’articule autour des discours des rois même lorsque ceux-ci ne bégayent pas, voici celui que Franco n’a jamais pu prononcer (car il était mort) et qui a fait à nouveau basculer l’Espagne dans l’ère des Bourbons: